Avez-vous (vraiment) l’intention de guérir?

Les relations entre le corps et l’esprit restent largement mystérieuses mais de nombreuses recherches tendent à démontrer que nos états mentaux, et en particulier nos intentions, jouent un rôle de premier plan dans la maladie et la guérison. Sur quoi ces observations reposent-elles et comment mettre en œuvre un tel mécanisme pour notre propre bien-être ?guérison

Dans son livre Les pouvoirs de la conscience (InterEditions 2013), le neuropsychologue québécois Mario Beauregard raconte l’histoire fameuse de « Mr Wright », un patient atteint d’un cancer avancé des ganglions lymphatiques et qui déclinait rapidement dans un hôpital de Californie à la fin des années 1950. Les médecins lui accordaient au mieux deux semaines à vivre. Mais Mr Wright n’était pas prêt à mourir et lorsqu’il apprit que le Dr Philip West testait un nouveau traitement, « révolutionnaire », contre le cancer, il insista pour en bénéficier. A titre compassionnel, le Dr West accepta de lui administrer le produit et, contre toute attente, l’état de Mr Wright s’améliora rapidement. Non seulement il se sentait beaucoup mieux mais ses tumeurs avaient « fondu comme neige au soleil ». Au bout de dix jours de traitement, pratiquement tous les signes cliniques de la maladie avaient disparu. Mais lorsqu’il lut deux mois plus tard dans un article que le médicament – le Krebiozen – n’était pas à la hauteur des espoirs mis en lui, il fit une brutale rechute. Son médecin parvint à le convaincre que c’était une question de dosage et de préparation du produit, et il lui administra alors un placebo qui eut exactement le même effet que les premières injections ! Mais de nouveau quelques mois plus tard, Mr Wright lu le rapport final des autorités de santé qui concluaient à l’inefficacité du médicament. Il décéda deux jours après sa réadmission à l’hôpital.

Il ne suffit pas de le vouloir

Que penser d’une telle histoire ? Elle illustre en fait la complexité des rapports que nous entretenons avec la maladie et la guérison, et qui reposent à la fois sur la suggestion, l’autosuggestion, l’intentionnalité et la relation de confiance avec les soignants. D’abord Mr Wright a gardé l’intention de guérir, et le traitement administré se révèle efficace parce que le patient est persuadé qu’il est « révolutionnaire ». Cette « suggestion » provient de la confiance que le patient accorde à son médecin, au point qu’un placebo aura la même efficacité que le traitement lui-même, et bien que la science médicale estime finalement que le traitement est inefficace. L’intrication subtile des ces différentes composantes ne permet pas d’affirmer que pour guérir « il suffit de le vouloir ». Une telle affirmation serait en outre extrêmement culpabilisante pour ceux qui ne guérissent pas quand bien même ils le souhaitent ardemment. Mais l’histoire de Mr Wright montre combien nos pensées et surtout nos « croyances » influencent notre état physiologique. De fait, les cas de « rémission spontanée » de cancers avancés sont nombreux dans la littérature médicale. Les chercheurs qui ont étudié ces cas aux Etats-Unis se sont attachés à identifier l’influence de facteurs comportementaux, psychologiques ou même « spirituels », dans la guérison. Certains ont guéri après qu’une psychothérapie leur ait permis de comprendre la genèse de conflits intrafamiliaux, l’origine d’une colère dirigée contre des proches et qui avait fini par s’exprimer au niveau somatique. D’autres ont vu leur état s’améliorer de façon spectaculaire après avoir complètement changé d’alimentation et de mode de vie. Et d’autres encore ont traversé une crise spirituelle qui leur a ouvert les yeux sur leur véritable condition et l’origine de leur maladie. D’intenses séances de prière ou de méditation ont alors semble-t-il contribué à la rémission. Certains auteurs comme le psychiatre et psychanalyste Gotthard Booth n’hésitent pas à affirmer qu’un traumatisme psychologique est à l’origine de tout cancer.

Ne pas « tomber » malade

Le fait que les maladies ont une composante « psychosomatique » est connu de longue date. Mais comment mettre en application ces connaissances nouvelles dans nos vies pour, non seulement guérir, mais éviter avant tout de « tomber malade » ? Selon Joe Dispenza, célèbre chiropracteur américain, « Le placebo, c’est vous ! » (Ariane 2015). C’est le titre de son dernier livre qui recense de nombreux cas de guérisons, ou au contraire d’aggravations d’une maladie, en lien avec les pensées nourries par les patients. Il présente notamment le cas de Sam Londe, à qui l’on diagnostiqua par erreur un cancer métastatique des voies digestives et qui finit par en mourir, alors que l’autopsie révéla que les tumeurs étaient presque insignifiantes. Le Dr Dispenza explique que Sam est mort du fait d’avoir été persuadé, tout comme son entourage médical et familial, qu’il était condamné à court terme. L’effet placebo reste profondément mystérieux pour la médecine mais il illustre nos incroyables capacités à l’auto-guérison. Des patients guérissent d’une dépression sévère alors qu’ils reçoivent le placebo dans un essai clinique ; d’autres vont retrouver la capacité de marcher alors qu’ils n’ont subi qu’une simulation de chirurgie pour soigner l’arthrose. « Plus vous croyez qu’une substance, une procédure ou une chirurgie peut fonctionner, car vous avez été au préalable informé des bénéfices qui lui sont associés, plus les chances que vous répondiez positivement à la pensée d’améliorer votre santé et de vous sentir mieux seront élevées », écrit le Dr Dispenza.

Effet Maharishi

On peut considérer que l’effet placebo repose sur une forme de tromperie, mais il indique avant tout que nous sommes capables de mettre en œuvre des processus de guérison à partir de nos pensées, qui déclenchent une chaîne de réactions physiologiques. Bien sûr notre vie psychique se compose également d’émotions et même d’éléments inconscients dont nous n’avons pas la maîtrise. Il nous faut cependant comprendre que tout part de nos pensées, qui induisent nos comportements ainsi que les émotions et sentiments associés. La journaliste Lynne McTaggart a rassemblé dans son livre La science de l’intention (Ariane 2008) moult exemples de la façon dont nos pensées peuvent transformer notre vie et le monde autour de nous. Le plus spectaculaire est peut-être « l’effet Maharishi », du nom du gourou ayant introduit la méditation transcendantale en Occident. Bien qu’elles restent controversées, plusieurs études ont montré que lorsque plus de 1 % de la population d’une zone géographique donnée pratique une méditation ciblée sur, par exemple, la réduction de la criminalité, celle-ci se réduit de plus de 20 %. Mais dans notre relation à la guérison, notre propre intention ne suffit pas, car la dynamique qui est à l’œuvre implique également l’intention du thérapeute, que celui-ci en ait conscience ou non. Dans la méthode Surrender par exemple (voir Seymour Brussel : L’attention guérit – Dervy, 2014), qui mêle ostéopathie crânienne, shiatsu, haptonomie et autres pratiques alternatives « douces », la seule intention du praticien lors du traitement est d’être « un vecteur de l’énergie de guérison ». Selon cette approche, le lâcher-prise (surrender) permet de rétablir un équilibre naturel qui n’aura été perturbé que par des pensées et émotions délétères. Des recherches sur « l’allo-biofeedback » ont montré qu’un individu était capable d’influencer certains paramètres physiologiques d’une autre personne, en sa présence ou même à distance. D’autres travaux plus controversés ont montré que la prière d’intercession (le fait de prier pour la guérison d’un tiers) pouvait avoir une certaine efficacité également, au point qu’aux Etats-Unis certains estiment que les thérapeutes devraient, dans le cadre même de leur pratique, prier pour leurs patients ! Le psychologue allemand Stefan Schmidt a réalisé en 2004 une méta-analyse statistique de plus de cinquante études réalisées entre 1977 et 2000 portant sur les effets de « l’intentionnalité à distance » et « la sensation d’être observé ». Il est apparu que les résultats positifs de ces études avaient moins d’une chance sur 15 600 d’être dus au hasard. Le paradigme matérialiste ne peut accepter de tels résultats car ils suggèrent que la conscience est non-locale et capable d’interactions à distance avec des systèmes vivants.

Il ressort de ces observations que la relation de confiance qui s’établit avec le thérapeute est également indispensable au processus de guérison. Celui-ci fait donc intervenir une subtile combinaison de facteurs et il faut se garder d’une compréhension naïve de ce qui se joue dans ces circonstances. En effet, si l’intention guérit, prenons garde aux chimères d’une mise en œuvre « facile » de l’intention, façon « loi d’attraction », et qui ferait l’abstraction d’un travail sur soi. On pourrait d’ailleurs parler de « loi d’abstraction » ! Ainsi la guérison par l’intention ne doit pas reposer sur une forme de pensée magique mais sur une nouvelle vision du réel qui tienne pleinement compte des interactions complexes entre le corps et l’esprit, et de la possibilité même que nos consciences soient reliées entre elles par un lien subtil qui reste à comprendre par la science contemporaine.

 

Encadrés

Les effets contrastés de la prière. Alors que des études préliminaires avaient montré que des groupes de prières semblaient améliorer la condition de malades vers qui ces prières étaient dirigées, une étude de grande ampleur réalisée à Harvard a donné des résultats contradictoires. Les patients avaient subi une chirurgie cardiaque et les prières visaient à accélérer leur guérison et limiter les complications. Ils ont été répartis en trois groupes d’environ 600 personnes. On a dit au premier qu’il était possible que des prières soient faites pour eux, et ce fut le cas. Le second groupe était informé de la même chose mais l’on n’a pas prié pour eux. Ces deux groupes ont vu un taux de complications équivalent, de 50 %. Mais le troisième groupe était informé qu’on allait prier à coup sûr pour eux, et le taux de complication a été de 59 %. Bien sûr, certains ont conclu que les prières faisaient plus de mal que de bien, mais pour les chercheurs cela indique avant tout que les protocoles doivent être élaborés plus finement. Les recherches sur ce terrain se poursuivent.

Tester l’intention ? Lynne McTaggart a mis en place depuis plusieurs années une série d’expériences à laquelle il est possible de participer en ligne, via son site theintentionexperiment.com (en anglais uniquement). Des milliers de participants de plus de trente pays ont déjà participé, sous l’égide des Universités d’Arizona, de Princeton ou encore de l’Institut des Sciences Noétiques. Il peut s’agir d’influencer la croissance ou la germination de plantes, la lumière émise par des échantillons d’eau, ou même de réduire les conflits dans certaines régions du monde. Lynne McTaggart fournit aux participants une méthode pour focaliser l’intention, en visualiser les effets, puis… laisser faire l’Univers.

 

Le champ du guérisseur. Une recherche fascinante a été menée à l’Institut international de recherche de Chiba, au Japon, par l’ingénieur Hideyuki Kokubo. Ce dernier a fait travailler des guérisseurs de différentes traditions (Qi Gong, Reiki) sur des cellules végétales disposées dans des coupelles tout autour d’eux et dont il a mesuré ensuite deux facteurs : l’émission de biophotons (photons naturellement émis par les cellules vivantes) et la concentration de certains gaz. Les variations observées ont ainsi permis de mettre en évidence l’existence d’un champ de type ondulatoire autour du guérisseur. A noter que la variation du taux d’émissions de biophotons par rapport aux échantillons témoins débute quatre heures après l’action du guérisseur. Il s’agit d’une réaction en chaîne qu’il est possible d’interrompre avec des agents chimiques ou biologiques.

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