Phénomène ovni et problème de la conscience

Je rassemble ici des éléments de réflexion autour du thème « Ovnis et Conscience », tel qu’abordé dans l’ouvrage collectif du même nom, afin de tenter de dissiper certains malentendus, à commencer par le fait que cette approche serait « psychologisante » et viserait à réduire les observations d’ovnis à des illusions.


Phénomène ovni et problème de la conscience
L’ufologue et psychologue Fabrice Bonvin a dirigé la rédaction de l’ouvrage collectif Ovnis et Conscience paru en 2015, dans lequel on trouve des contributions des ufologues Eric Zurcher et Daniel Robin, du physicien Philippe Guillemant, de l’ethnobotaniste Romuald Leterrier, du psychologue et philosophe Jean-Jacques Jaillat, et du philosophe Philippe Solal. Le souhait de Fabrice Bonvin était de privilégier une approche « holistique » du phénomène ovni, sur la base de six constats : 1) Le phénomène s’affranchit des lois cinétiques et dépasse de loin nos capacités aérodynamiques. 2) Il a une composante physique. 3) Il est doté d’une intentionnalité et se caractérise par une grande élusivité (sporadique, fugace, non reproductible, échappe à l’objectivation poussée). 4) Il montre de l’intérêt pour l’énergie nucléaire, à usage civil ou militaire. 5) Il a tendance à se manifester par vagues dans une perspective temporelle. 6) Il se présente sous une grande variété et s’adapte à nos représentations cognitives d’un point de vue formel. 
 

Phénomène ovni et problème de la conscience
Pourquoi lier ovnis et conscience ?
Qu’est-ce qui justifie le lien entre le phénomène ovni et la question de la conscience ? Quand je l’ai interviewé à l’époque pour le magazine Nexus, Fabrice Bonvin me confiait le point de départ de sa réflexion : « En m’intéressant au chamanisme, j’ai constaté que les chamanes, en tant qu’excellents techniciens de la conscience, étaient capables de vivre des états modifiés de conscience qui leur permettaient notamment d’entrer en contact avec des intelligences que l’on pourrait qualifier d’extraterrestres, ou exogènes. (…) Par ailleurs, Rick Strassman a fait une recherche très intéressante à l’université du Nouveau Mexique où il a injecté de la DMT (diméthyltryptamine), la substance active de l’ayahuasca, à des volontaires, une centaine de personnes. Et ces derniers ont pu rapporter des vécus qui se rapprochent furieusement de ce que les enquêteurs ufologues ont récolté lors les abductions. »

En second lieu, qui dit ovni dit témoin(s), et qui dit témoin dit conscience. Mais au-delà de ce constat qui peut sembler trivial, beaucoup de cas d’observation d’ovnis incluent ce qui semble relever d’une action sur la conscience du témoin : une forme de contrôle ou de neutralisation du comportement, l’induction d’un état altéré de conscience qu’on appelle « facteur Oz », qui se traduit notamment par une « dépréciation sensorielle » accompagnée d’une sensation de dissociation ; on constate également une altération de la perception du temps (« missing time »), etc. On parle enfin de « téléchargement d’information » et d’injonction (le témoin se sent obligé de faire quelque chose ou de se rendre quelque part). A propos des aspects les plus surprenants des observations d’ovni, l’ufologue et philosophe Aimé Michel parlait d’un « festival d’absurdités ».
Autre point, les fameux « enlèvements » ont des conséquences très semblables à celles des expériences de mort imminente (EMI), comme l’ont relevé notamment le psychiatre John Mack ou le psychologue Kenneth Ring : sensibilité écologique accrue, altruisme, interconnexion, spiritualité, nouvelle vision du monde… Je soulignerai cependant le point suivant : une expérience d’enlèvement correspond plutôt à un état « altéré », c’est-à-dire diminué ou amoindri, de conscience, là où l’EMI semble au contraire induire un état « augmenté » de conscience. Il est dommageable de confondre « état modifié de conscience » et « état altéré de conscience », sur la base d’une mauvaise traduction de l’anglais « altered state of consciousness », puisque « altered » signifie bien « modifié » et non « altéré ».

Fabrice Bonvin résumait ainsi son approche du phénomène ovni : « Il a une dimension physique, oui, mais réduire les ovnis à des objets « tôle et boulons » et les extraterrestres à des êtres de chair et d’os arrange les gouvernements car cette explication a selon moi servi de couverture à la réelle nature du phénomène ovni. Je pense que les gouvernements, et en particulier américain, ont compris assez rapidement que c’était un phénomène complexe, et il a joué là-dessus pour ridiculiser le phénomène avec des récits complètement farfelus. Les récits loufoques d’Howard Menger ou Georges Adamski ont décrédibilisé l’ufologie et tout indique qu’ils ont été appuyés par la CIA. » Le fait est que la complexité et le polymorphisme du phénomène ovni rendent son étude encore plus difficile ; c’est pourquoi l’approche pluridisciplinaire se révèle indispensable. 
 

Phénomène ovni et problème de la conscience
Quelques mots sur le problème de la conscience
La conscience est à la fois la plus grande énigme scientifique actuelle et ce qui est à la base même de toute notre expérience de la réalité. A ce titre, il y a une forme de point aveugle. En effet, sans conscience il n’y a pas de réalité, mais s’interroger sur sa nature revient à confondre le sujet et l’objet puisque le seul outil dont nous disposons pour étudier la conscience est la conscience elle-même. Aussi, la plupart des gens, y compris parmi les scientifiques, prennent simplement le fait d’être conscient pour argent comptant et n’y voient même pas une énigme. La science est cependant loin d’expliquer comment le cerveau peut générer notre expérience de conscience, à supposer bien sûr que ce soit le cas.  En effet, sur la base notamment des expériences de physique quantique, beaucoup de scientifiques rejoignent l’idéalisme philosophique qui consiste à dire que la conscience est première – voire qu’elle est la substance primordiale de l’univers à partir de laquelle tout le reste procède – puisque pour que quelque chose existe il faut qu’une conscience atteste de cette existence. La conscience serait comme l’écran blanc sur lequel est projeté le film de la réalité, ou la page blanche sur laquelle elle s’écrit. Sans écran, sans page, pas de réalité. La conscience est le fond, le cadre dans lequel la réalité se déploie. Moult images peuvent être employées mais l’idée est toujours la même.

A l’échelle quantique, un résultat d’expérience reste ainsi indéterminé, dans des états « superposés », tant qu’il n’a pas été observé, c’est-à-dire tant qu’une conscience n’est pas intervenue pour figer ce résultat et lui donner réalité. Une interprétation extrême de ce fait consiste à conclure que notre conscience « crée la réalité ». Mais la réalité phénoménale est le résultat de l’observation par plusieurs consciences, et non une seule, il s’agit donc au mieux d’une co-création. Le fait demeure qu’en poussant le raisonnement, toute objectivité est illusoire puisque chacun perçoit le réel à travers le « filtre » de sa conscience et personne n’a accès à l’expérience de conscience d’autrui. Placés devant la même rose, le botaniste, le peintre et le jardinier ne vont pas avoir la même expérience de celle-ci même s’ils voient la même chose. L’intégration consciente de la perception de la fleur se nourrit nécessairement de la relation de chacun à la rose, qui inclut la connaissance préalable de l’objet rose. On comprend que dans le cas du phénomène ovni, l’absence de « connaissance préalable » de ce qui semble être un « objet » conduit à donner différentes formes à l’expérience d’observation elle-même et, a fortiori, à son interprétation.
 

Vedanta, phénoménologie et physique
La réflexion sur la nature de la conscience a été poussée à des sommets par le vedanta de l’hindouisme, mais avant tout à partir de l’expérience directe, la méditation du yoga, et pas seulement par le raisonnement. Quand je perçois, j’ai conscience de l’objet perçu et j’ai conscience de percevoir, et cela se produit en même temps. Ainsi on peut dire que ce qui perçoit fait advenir ce qui est perçu et réciproquement. Au final, le sujet et l’objet se confondent, c’est ce que la tradition orientale appelle la non-dualité. Bien qu’elle existe aussi en Occident, cette pensée a beaucoup moins fait florès et c’est le dualisme cartésien qui est la référence. Avec la phénoménologie, la philosophie occidentale a tout de même exploré cette question en profondeur. Pour sa part, le philosophe contemporain David Chalmers a posé le « problème difficile » de la conscience, c’est-à-dire la difficulté d’expliquer comment naît la conscience de soi, de nos émotions, sentiments et pensées, par nature subjective, et quelle est sa relation au cerveau. Le « problème facile » désignant la conscience des informations issues de nos sens. 
Notons qu’un des plus grands physiciens actuels, Juan Maldacena, propose que nous vivions dans un univers « holographique », une sorte de projection qui suppose que l’une des trois dimensions d’espace soit une illusion, la gravité en étant une autre. D’autres physiciens et philosophes expliquent que la conscience fait advenir la réalité par interaction avec un champ d’information dans lequel nous sommes plongés et qui constitue la vraie réalité.  Ce qui est perçu, par la conscience de veille, « ordinaire », est comme la projection d’une réalité plus fondamentale dont la nature ultime nous échappe nécessairement. Le physicien Bernard d’Espagnat parlait du « réel voilé » et John Wheeler lui emboîte le pas avec sa formule « it from bit » : « En substance, le monde physique (it) émerge en réalité d’un monde immatériel d’information pure (bit). » Dans une fameuse conférence TED de 2011, l’ufologue Jacques Vallée a dit que la « physique de l’information » serait la physique des cinquante prochaines années. 
 

Phénomène ovni et problème de la conscience
Des implications considérables pour l’ufologie
Feu John Mack, éminent psychiatre enseignant à Harvard, avait également insisté sur le lien entre ovnis et conscience dans son étude sur les enlèvements : « L’élargissement de la conscience et la transformation personnelle forment le substrat de base du phénomène d’enlèvement. » Dans Ovnis et Conscience, l’ufologue Daniel Robin évoque un « facteur exogène », comme si « quelque chose ou quelqu’un interférait avec l’humanité », « dans un but d’évolution/élévation spirituelle ». Le phénomène ovni et le problème de la conscience posent tous deux des questions sur la matérialité, les dimensions de la réalité, leur origine, le sens, l’utilité, le dessein, les potentialités… Daniel Robin relève six « enseignements » du phénomène ovni : 1) Il ne se laisse pas enfermer dans des catégories intellectuelles simples : il défie nos conceptions de l’espace, du temps, de la matière, de l’énergie, de la logique, etc. 2) Il semble exister une étroite intrication entre ce phénomène et les activités humaines, depuis l’aube de l’humanité. 3) Il interfère avec la conscience humaine selon six grands types (voir ci-dessous). 4) L’HET (hypothèse extraterrestre) au 1er degré est inapte à rendre compte du phénomène – c’est pourquoi l’HET 2,  « élargie », intègre conscience et spiritualité. 5) Il dépasse nos capacités de compréhension. 6) Il est un formidable stimulant intellectuel.
Les six interférences avec la conscience se fondent sur trois grands constats : les ovnis semblent capables de capter les pensées et de connaître les intentions du témoin ; l’être humain peut difficilement résister à un ordre ou une injonction ; le phénomène ovni peut modifier les perceptions pour induire une réalité fictive (ce qui rejoint l’idée d’un « système de camouflage » proposé par J. Vallée). Les six grands types d’interférences sont : la sensation d’être observé et la paralysie ; l’isolement sensoriel ou facteur Oz ; la transmission d’informations sans conséquence apparente pour le témoin : message « télépathique » ; la transmission d’information avec conséquences : influence/contrôle sur la vie du témoin, sa vision du monde ; la substitution de réalité : des aspects triviaux, bizarres, décalés, absurdes, burlesques… sont rapportés ; les enlèvements.
 
Pour Eric Zurcher, trois problèmes essentiels se posent à l’investigateur : le brouillage humain, l’incommensurabilité, et l’élusivité. L’incommensurabilité est l’impossibilité de mesurer, qui peut s’appliquer à l’écart de développement ou d’intelligence entre une hypothétique civilisation extraterrestre et nous. Alors que la découverte d’exoplanètes s’est accélérée ces dernières années, les scientifiques impliqués dans cette recherche privilégient l’idée que si nous trouvons des formes de vie ailleurs, il s’agira certainement de formes de vie simples. Pourquoi ? L’astrophysicienne Sylvie Vauclair m’a exposé son raisonnement statistique lors d’un entretien : « La vie intelligente sur la Terre qui a amené la technologie depuis quelques centaines d’années, n’existe sous cette forme que depuis 1 million d’années environ alors que terre a 4 milliards d’années et qu’il y a eu de nombreuses formes de vie. Donc les chances de tomber la première fois, quand on aura un signe de vie, sur une période d’évolution de cette planète présentant une forme de vie qui ait un niveau d’évolution comparable au nôtre est très faible ; quant à une forme de vie plus évoluée, les chances sont encore plus faibles car nous ne savons pas ce que nous-mêmes allons donner en termes d’évolution. » On voit que ce raisonnement a tendance à exclure a priori que des êtres beaucoup plus intelligents et développés que nous puissent en fait déjà être présents et nous « surveiller » depuis l’aube de l’humanité, en appliquant une politique de non-ingérence, sans parler de l’hypothèse voulant qu’ils soient à l’origine même de notre existence.
Ainsi la question de l’incommensurabilité pose également celle de l’intelligibilité du phénomène et le problème de la dissonance cognitive, ou ce que le physicien Amit Goswami appelle « effet miroir ». Le phénomène ovni n’est pas intégrable s’il ne correspond pas nos schémas cognitifs, à ce que nous sommes capables de penser. Par bien des aspects il n’est pas « pensable », mais pour les mêmes raisons il n’est peut-être même pas « percevable ». Eric Zurcher pointe des conséquences dans les deux sens : un témoin peut « compenser » inconsciemment un déficit de compréhension par des éléments de sa propre culture ; et/ou le facteur exogène (intelligence externe) peut se manifester sous une forme symboliquement orientée et compréhensible par le témoin. Quant à l’élusivité, elle pose la question de l’intentionnalité du phénomène, soit son effet en termes de causalité. 
 

Phénomène ovni et problème de la conscience

Le philosophe face au phénomène ovni dans ce nouveau paradigme
L’idée que des manifestations de type ovnis traduisent une réalité plus complexe et aient un lien avec d’autres phénomènes relevant du folklore, de la mythologie ou de la spiritualité, n’est pas nouvelle. Elle a notamment été proposée par Carl Jung dès 1957. Dans Un mythe moderne : des « signes du ciel », il montre en effet que la question de la réalité physique des « soucoupes volantes » est presque secondaire et que ce qui importe est le phénomène psychologique, lui-même fruit de la fonction imaginaire inconsciente. Le terme « mythe » vise à souligner qu’au moins une partie de ces expériences seraient de nature « psycho-physique », c’est-à-dire qu’elles procèderaient d’un brouillage des frontières entre les réalités objectives et subjectives. D’autres auteurs prestigieux ont nourri cette réflexion, dont bien sûr Jacques Vallée qui envisage le phénomène ovni comme « un effet interdimensionnel qui manipule les réalités physiques hors de notre propre continuum espace-temps ». On peut également citer Aimé Michel, Bertrand Méheust, ou encore Keith Thompson, Peter Rojcewicz et Thomas Bullard.
Pour le philosophe Philippe SoIaI, le phénomène ovni fait partie des « bugs métaphysiques » qui amènent à passer du matérialisme à l’idéalisme philosophique. Comme évoqué plus haut, le point-clé est que la conscience est première car c’est par elle que le monde existe. La matérialité du phénomène ovni n’est pas donc pas niée, pas plus que celle de la réalité ordinaire, mais elle est incluse dans une réalité qui est d’abord « conscientielle ». Il s’agit d’une position défendue par un nombre croissant de scientifiques (voir par exemple le « manifeste pour une science post-matérialiste » signé par le neuroscientifique Mario Beauregard et plusieurs chercheurs aux Etats-Unis).
L’idée inverse, voulant que l’esprit soit un « produit » de la matière – et donc que la conscience soit réductible au fonctionnement du cerveau – est en fait très récente dans l’Histoire. Elle est née au milieu du XIXe siècle à la suite de la Révolution industrielle et sous l’influence notamment d’Auguste Comte ou de Karl Marx. « Face à l’oubli de notre dimension spirituelle, les intelligences qui sont derrière le phénomène ovni se sont rappelées à nous en utilisant les formes mêmes qui avaient accompli dans notre histoire cet oubli : celles de la technologie », estime Philippe Solal dans un article consacré à cette question. Dès lors, on peut selon lui voir dans l’ovni/objet un simulacre de vaisseau spatial, un fantasme de conquête spatiale, qui n’est en fait que le retour d’un refoulé (collectif) au sens freudien. En poussant ce raisonnement, c’est notre propre inconscient qui manifeste cette réalité et la notion même d’altérité ou d’intelligence exogène n’a plus lieu d’être.
L’univers n’est pas simulé (comme dans une simulation numérique telle qu’imaginée dans le film Matrix), il est produit (par la conscience) à partir de quelque chose de plus fondamental, assimilé à la noosphère au sens de Teilhard de Chardin, soit l’ensemble des consciences humaines et exogènes interconnectées. La communication entre les consciences produit la matière, comme la circulation d’information dans un ordinateur produit l’image qui apparaît sur l’écran. Philippe Solal propose deux arguments pour justifier cette interconnexion : 1) les apparitions sélectives d’ovnis ou d’occupants, c’est-à-dire qu’un témoin voit ce que les autres ne voient pas, c’est là l’indice d’un processus de connexion. 2) Les éléments personnels ou transpersonnels qui apparaissent dans les récits de rencontres rapprochées du 3e type attestent que le phénomène puise son habillage dans le matériel psychique du témoin (souvenirs). 
 

Phénomène ovni et problème de la conscience
Le physicien face au phénomène ovni
Egalement contributeur du collectif Ovnis et Conscience, l’ingénieur-physicien Philippe Guillemant a été incité à réfléchir à ces problématiques par Jacques Vallée. A l’occasion d’un entretien qu’il m’avait accordé pour le magazine Nexus, il déclarait : « Je pense que nos visiteurs, s’ils existent, transitent par l’extérieur de l’espace-temps, autrement dit par le vide. Il peut y avoir toutes sortes de technologies, mais le principe d’entrée-sortie est toujours le même et opère par distorsion de l’espace-temps. (…) On peut déjà théoriquement déformer l’espace-temps pour s’y déplacer, par exemple en utilisant la métrique d’Alcubierre qui consiste à compresser l’espace à l’avant d’un vaisseau et à le dilater à l’arrière : c’est alors l’espace qui est déplacé comme une onde, et non le vaisseau. Mais on peut aussi appliquer une compression homogène et, dans ce cas, aller jusqu’à sortir de l’espace-temps par différents moyens dont beaucoup figurent dans la littérature de science-fiction. »
Ceci a deux conséquences majeures : d’une part la suppression de la décohérence, qui relie un vaisseau à l’espace-temps, et d’autre part une dilatation du temps. Le vaisseau s’affranchit des lois de l’espace-temps et transite par le vide quantique, lequel est liée à la conscience. La réflexion de Philippe Guillemant sur ce thème se poursuit ainsi : dans l’atmosphère, les ovnis peuvent jouer avec la métrique (la façon dont les points de l’espace sont reliés entre eux), ce qui permet à l’occupant d’un véhicule de ne pas ressentir les accélérations phénoménales. Ce n’est pas l’objet qui se déplace mais sa bulle gravitationnelle. L’espace est fondamentalement élastique : il peut se courber, se plier, vibrer aux échelles quantiques. Il est malléable et en créant une bulle à l’intérieur de laquelle la métrique n’est pas la même qu’à l’extérieur, on peut déplacer l’espace de la bulle sans aucune résistance de l’environnement. Les « objets » ne sortent pas de l’espace-temps quand ils se déplacent dans l’atmosphère. Ils se contentent de déformer l’espace et corrélativement, de supprimer la gravité et dilater fortement le temps.

Trois situations sont alors possibles : soit les objets sont complètement matérialisés, par exemple lorsqu’ils se posent ; soit ils se trouvent à l’intérieur d’une bulle mais restent connectés à l’espace-temps, tout en gérant leur impact, notamment sur la conscience des témoins, grâce à la dilatation du temps ; soit ils se trouvent à l’extérieur de l’espace-temps et sont donc dématérialisés dans le vide, toute leur information y étant conservée. « Si l’on dispose d’une technologie capable de compresser juste un peu la métrique dans une bulle autour de soi, et si cette compression est homogène, tout reste inchangé à l’intérieur de la bulle pendant qu’à l’extérieur, la taille du vaisseau diminue et le point à saisir est que cette diminution ne s’arrête pas. Vu de l’extérieur, elle est alors perçue comme une dématérialisation, mais du point de vue des occupants, le vaisseau se retrouve dans un univers quantique. C’est le même effet que lorsqu’on pénètre dans un trou noir. Il y a un risque de désintégration seulement si l’on gère mal les différences de gradients de la métrique. C’est un vrai risque dans un trou noir où la métrique présente ce genre de gradients. »
 
Pour conclure sur ce point, Philippe Guillemant ajoute : « Le temps est dilaté et, vu de l’extérieur, il devient infini au niveau de la singularité. Mais vu de l’intérieur, la sortie est immédiate. En fait, cette singularité n’existe pas car ce sont les lois de la gravité quantique qui s’appliquent dans ces circonstances. Pour savoir ce qui se passe alors, mon raisonnement est d’introduire la notion de « temps réel » : le temps de la mécanique a disparu mais pas celui de la conscience. Une fois que l’information du vaisseau a été dématérialisée, il se retrouve dans une mer quantique où il n’est plus soumis à la mécanique classique. Dans ce cas, tous les possibles peuvent arriver et, d’après ma théorie, ce qui arrive est comme directement « téléchargé » par la conscience. »
 
 

Phénomène ovni et problème de la conscience
Passerelle avec le chamanisme
A partir de conversations avec Romuald Leterrier, ethnobotaniste expert du chamanisme amazonien, Philippe Guillemant a envisagé une possible identité entre le multivers quantique et le monde des visions des chamanes. « Nous avons du mal à l’imaginer aussi longtemps que nous n’admettons pas que c’est notre conscience qui construit notre réalité à partir de l’information du vide. Ma théorie divise le vide quantique en deux couches supplémentaires d’espace-temps (non manifestées) à trois dimensions, ce qui nous fait au total trois mondes emboîtés pour la conscience, qui concordent avec les mondes décrits par les chamanes : le « monde du dessous », qui correspond à ce que j’appelle l’anima ; le « monde du milieu », qui est notre monde physique tel que perçu par notre conscience, notre « moi » ; et le « monde du dessus », qui est le monde spirituel, le multivers dans lequel notre « soi » est libre de se déplacer par la pensée dans le champ des possibles. Il correspond à une couche de densité d’information inférieure qui permet l’indéterminisme et le libre arbitre. »
 
Pour mieux le comprendre, on peut prendre la métaphore d’un terrain montagneux par exemple. Lorsqu’on avance dans l’espace-temps, tout se passe comme si on progressait sur un sentier tracé à l’avance, et notre vie est le parcours le long du sentier. Nous croyons  que tout ce qui existe est seulement ce que nous voyons du sentier, mais il suffirait que l’on s’élève en ballon pour voir tout ce que nous ne voyons pas et qui existe aussi : notre passé, notre futur, mais aussi tous nos autres futurs possibles, hors du sentier…
« De la même façon, poursuit P. Guillemant, les univers parallèles sont tous présents dans un même espace qui est le multivers quantique. Notre réalité 4D est seulement notre parcours, mais toutes les autres possibilités coexistent dans le champ des possibles. Ce multivers hors sentier est l’endroit où l’on accède en sortant de l’espace-temps. Comme on n’est plus soumis à la mécanique, on s’y déplace par la pensée, car la pensée est un système d’adressage de la mémoire du multivers, utilisé par les chamanes. »
La réalité dite « extraterrestre » est pleinement intégrée à la vision du monde des chamanes. C’est pourquoi Philippe Guillemant estime que lorsqu’on sort de l’espace-temps, on se retrouve dans le monde des visions, qui est un monde réel. « Si l’on y débarque avec un vaisseau et qu’on a la technologie pour faire de ce vaisseau une extension vibratoire de sa conscience, on peut alors le mouvoir par la pensée. » 
 

Politique du déni de l’existence des ovnis ?
Pour finir, le physicien estime que « nos visiteurs peuvent plus facilement nous rendre visite grâce à notre attitude collective et bien naturelle de déni, car elle leur permet de trouver une ligne temporelle pour leur passage sans se heurter à une trop grande résistance de notre futur. » Cette attitude apparente de déni est liée au fait que « la somme de connaissance énorme qui résulterait d’un contact mondial officiel doit rester dans l’ombre, sans quoi elle bouleverserait beaucoup trop notre paradigme de l’époque, toutes nos religions et croyances, y compris scientifiques. (…) C’est pourquoi nous ne pouvons actuellement être visités par des E.T. ou des visiteurs du futur que s’il y a suffisamment de déni ou de folklore associé, ce qui explique d’ailleurs tout un aspect du phénomène. »
Ainsi, le déni des « autorités », tant décrié par les passionnés d’ufologie en particulier, aurait sa raison d’être et ne serait pas forcément négatif. Tant que notre civilisation n’est pas sortie du matérialisme, nous ne serions pas collectivement prêts à accepter cette réalité tellement plus vaste que les apparences…

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