Des implications considérables pour l’ufologie
Feu John Mack, éminent psychiatre enseignant à Harvard, avait également insisté sur le lien entre ovnis et conscience dans son étude sur les enlèvements : « L’élargissement de la conscience et la transformation personnelle forment le substrat de base du phénomène d’enlèvement. » Dans Ovnis et Conscience, l’ufologue Daniel Robin évoque un « facteur exogène », comme si « quelque chose ou quelqu’un interférait avec l’humanité », « dans un but d’évolution/élévation spirituelle ». Le phénomène ovni et le problème de la conscience posent tous deux des questions sur la matérialité, les dimensions de la réalité, leur origine, le sens, l’utilité, le dessein, les potentialités… Daniel Robin relève six « enseignements » du phénomène ovni : 1) Il ne se laisse pas enfermer dans des catégories intellectuelles simples : il défie nos conceptions de l’espace, du temps, de la matière, de l’énergie, de la logique, etc. 2) Il semble exister une étroite intrication entre ce phénomène et les activités humaines, depuis l’aube de l’humanité. 3) Il interfère avec la conscience humaine selon six grands types (voir ci-dessous). 4) L’HET (hypothèse extraterrestre) au 1er degré est inapte à rendre compte du phénomène – c’est pourquoi l’HET 2, « élargie », intègre conscience et spiritualité. 5) Il dépasse nos capacités de compréhension. 6) Il est un formidable stimulant intellectuel.
Les six interférences avec la conscience se fondent sur trois grands constats : les ovnis semblent capables de capter les pensées et de connaître les intentions du témoin ; l’être humain peut difficilement résister à un ordre ou une injonction ; le phénomène ovni peut modifier les perceptions pour induire une réalité fictive (ce qui rejoint l’idée d’un « système de camouflage » proposé par J. Vallée). Les six grands types d’interférences sont : la sensation d’être observé et la paralysie ; l’isolement sensoriel ou facteur Oz ; la transmission d’informations sans conséquence apparente pour le témoin : message « télépathique » ; la transmission d’information avec conséquences : influence/contrôle sur la vie du témoin, sa vision du monde ; la substitution de réalité : des aspects triviaux, bizarres, décalés, absurdes, burlesques… sont rapportés ; les enlèvements.
Pour Eric Zurcher, trois problèmes essentiels se posent à l’investigateur : le brouillage humain, l’incommensurabilité, et l’élusivité. L’incommensurabilité est l’impossibilité de mesurer, qui peut s’appliquer à l’écart de développement ou d’intelligence entre une hypothétique civilisation extraterrestre et nous. Alors que la découverte d’exoplanètes s’est accélérée ces dernières années, les scientifiques impliqués dans cette recherche privilégient l’idée que si nous trouvons des formes de vie ailleurs, il s’agira certainement de formes de vie simples. Pourquoi ? L’astrophysicienne Sylvie Vauclair m’a exposé son raisonnement statistique lors d’un entretien : « La vie intelligente sur la Terre qui a amené la technologie depuis quelques centaines d’années, n’existe sous cette forme que depuis 1 million d’années environ alors que terre a 4 milliards d’années et qu’il y a eu de nombreuses formes de vie. Donc les chances de tomber la première fois, quand on aura un signe de vie, sur une période d’évolution de cette planète présentant une forme de vie qui ait un niveau d’évolution comparable au nôtre est très faible ; quant à une forme de vie plus évoluée, les chances sont encore plus faibles car nous ne savons pas ce que nous-mêmes allons donner en termes d’évolution. » On voit que ce raisonnement a tendance à exclure a priori que des êtres beaucoup plus intelligents et développés que nous puissent en fait déjà être présents et nous « surveiller » depuis l’aube de l’humanité, en appliquant une politique de non-ingérence, sans parler de l’hypothèse voulant qu’ils soient à l’origine même de notre existence.
Ainsi la question de l’incommensurabilité pose également celle de l’intelligibilité du phénomène et le problème de la dissonance cognitive, ou ce que le physicien Amit Goswami appelle « effet miroir ». Le phénomène ovni n’est pas intégrable s’il ne correspond pas nos schémas cognitifs, à ce que nous sommes capables de penser. Par bien des aspects il n’est pas « pensable », mais pour les mêmes raisons il n’est peut-être même pas « percevable ». Eric Zurcher pointe des conséquences dans les deux sens : un témoin peut « compenser » inconsciemment un déficit de compréhension par des éléments de sa propre culture ; et/ou le facteur exogène (intelligence externe) peut se manifester sous une forme symboliquement orientée et compréhensible par le témoin. Quant à l’élusivité, elle pose la question de l’intentionnalité du phénomène, soit son effet en termes de causalité.