Provoquer les synchronicités dans sa vie
Philippe Guillemant est un physicien et ingénieur de recherche au CNRS qui peaufine depuis quelques années sa « théorie de la double causalité » (La Route du Temps, Ed. Le Temps présent, 2010) à partir d’une réflexion sur le temps. Et que nous dit-il ? Que l’on peut influencer son futur et provoquer des synchronicités dans son existence en agissant sur des mécanismes fondés sur le fait incontournable que le temps n’existe pas ! Rappelons que les synchronicités sont ces petits miracles du quotidien qui relient entre eux deux événements non pas par un lien de causalité mais par un lien de sens. Manifestations évidentes du fait que notre inconscient existe dans un vaste champ d’information, ces incursions ou surgissements de sens sont autant de signes qui éclairent notre chemin. En l’occurrence, tous ceux qui ont vécu des synchronicités ont certainement remarqué qu’elles se produisent en série lorsque nous sommes devant des choix importants pour notre « avenir ». « Pour la physique, le présent n’existe pas ; le passé et le futur forment un seul bloc sans séparation, explique Philippe Guillemant. Pour la conscience, seul le présent existe, le passé et le futur sont tout entier contenus dans le présent. Si l’on médite bien ces deux affirmations, on peut en arriver à la conclusion qu’elles sont équivalentes, leur apparente contradiction n’étant qu’une question de point de vue relatif. »
Que résulte-t-il de cette conception lorsque nos choix sont réellement libres, c’est à dire non déterminés par le passé ? La physique quantique nous explique qu’il est impossible de prédire le résultat d’un phénomène quantique, mais seulement de calculer les probabilités d’observer tel ou tel résultat. Cette incertitude introduit l’indéterminisme qui à son tour rend possible, sinon nécessaire, l’existence du libre arbitre. Selon Philippe Guillemant, cela se généralise à l’échelle macroscopique, car « l’espace-temps vibre simultanément dans toute son étendue passé-futur », et il s’ensuit l’apparition de bifurcations qui créent de multiples scénarios d’évolution de l’univers. Il parle d’un « effet papillon quantique » pour décrire la façon dont tous ces potentiels émergent des micro-vibrations (ou fluctuations quantiques) du vide. Or, si les scénarios du futur existent déjà, à l’état de potentialités, comment agissons-nous sur notre propre futur ? Philippe Guillemant explique que nos intentions créent dans le présent, à l’intérieur du champ des possibles, une « bulle événementielle » assortie d’une certaine probabilité. Sous l’influence de nos intentions, notre futur ainsi construit provoque par rétroaction temporelle des synchronicités dans notre présent ! Encore une fois, cette boucle « rétrocausale » n’est qu’une apparence liée à notre perception du temps. Nos intentions ainsi exprimées par le mental n’ont toutefois de réelle efficacité que si elles sont forgées librement, c’est-à-dire par l’esprit (le Soi plutôt que le moi, dirait Jung), comme à partir d’un surcroît de conscience. Par conséquent, les probabilités de la bulle événementielle augmentent si elles proviennent d’intentions authentiquement libres, se traduisant par des qualités d’amour, de confiance, de détachement…