Des « illusions » qui soignent

Quand les sciences du cerveau découvrent que les états modifiés de conscience ne peuvent se réduire à des illusions, les lignes bougent.


Des "illusions" qui soignent
Une équipe allemande conduite par la neuropsychologue Ursula Voss à l’Université Goethe de Francfort avait montré il y a quelques années que le rêve lucide est associé à une forte augmentation des ondes gamma. Rappelons que le rêve lucide est un rêve dans lequel le rêveur a conscience de rêver et qu’il devient capable de contrôler le contenu et déroulement du rêve. Pour certains, il s’agirait d’un phénomène proche du voyage astral, voire identique. Le Dr Voss est allée plus loin en induisant la lucidité dans le rêve chez des dormeurs qui n’avaient jamais eu de rêves lucides, ceci en les stimulant avec un faible courant électrique d’une fréquence proche de 40 Hz ou de 25 Hz (dans le domaine des ondes gamma). L’étude publiée dans Nature Neuroscience établit un lien irréfutable entre la stimulation transcrânienne pendant la phase de sommeil paradoxal, connue pour être celle où les rêves surviennent, et l’accès à la lucidité. La stimulation de faible intensité a été effectuée au niveau des zones frontales et temporales du cerveau chez vingt-sept volontaires. Il apparaît que la stimulation ne perturbe pas le dormeur et agit seulement en modulant le potentiel de repos des neurones dans les zones ciblées, c’est-à-dire la polarisation électrique de la membrane des neurones. Ursula Voss a déclaré au magazine The Scientist qu’elle avait initialement peu d’espoir que l’expérience fonctionne : « Cela a été une surprise pour nous de constater que l’on peut effectivement forcer le cerveau à adopter un nouveau rythme, que le cerveau s’adapte et que les neurones se mettent à décharger selon la nouvelle fréquence simplement avec la faible stimulation appliquée. »
De nombreuses applications thérapeutiques pourraient découler de cette découverte, en particulier pour soigner les hallucinations ou encore les cauchemars dans les syndromes de stress post-traumatique. On imagine aussi les applications ludiques puisque le rêve lucide est connu pour être plutôt « fun ». Contactée pour en savoir plus, Ursula Voss m’a confirmé pour le magazine Nexus que non seulement « les ondes gamma induisent le rêve lucide » mais que la stimulation provoque également « des sensations de sortie du corps, dans lesquelles les personnes se voient elles-mêmes depuis un point de vue extérieur, comme depuis une conscience d’un ordre supérieur (à celle du rêve) qui conduit à adopter une perspective à la troisième personne sur soi-même. » Allons bon ! Va-t-on bientôt provoquer la « sortie du corps » à la demande et découvrir qu’elle n’est pas une illusion mais une réalité qui oblige à réécrire toute la physique et toute la biologie ? Que les rationalistes se rassurent, nous n’en sommes pas là et la pensée dominante en neurosciences reste à l’opposé du spectre. Un neuropsychologue matérialiste de plus, Claude Messier (université d’Ottawa), vient ainsi d’affirmer que le voyage astral est une illusion liée à « un fonctionnement altéré des parties du cerveau qui servent à générer notre image corporelle en à en faire le suivi en mouvement ».
 

Le retour des psychédéliques
Sur un autre front, si l’on peut dire, on apprend que les substances psychédéliques font un retour en grâce dans la recherche médicale. Plusieurs études récentes indiquent en effet les bienfaits de certains psychoactifs, maintenant que l’on maîtrise bien plus finement les dosages qu’à l’époque où Aldous Huxley s’ouvrait les portes de la perception à grand renfort de mescaline. Il s’avère que ces portes peuvent aussi facilement ouvrir sur la folie. Dans les traitements de l’addiction, de la dépression ou du stress post-traumatique, là encore, des substances comme la psilocybine (extraites des « champignons magiques ») ou la MDMA (« ecstasy »), ont montré des effets thérapeutiques significatifs et encourageants. Une étude conduite à l’Université Johns Hopkins (Baltimore) en 2011 a montré que la juste dose de psilocybine administrée à des volontaires permettait de vivre une expérience transcendante de grande valeur. Les effets restent sensibles 14 mois après et induisent une croissance psychologique durable. 94 % des sujets disent que cette expérience a été un des cinq moments les plus importants de leur vie. Alors que ces derniers étaient âgés de plus de 45 ans en moyenne, ces transformations sont jugées hautement atypiques par les chercheurs parce que les personnalités ont tendance à être très « définies » à cet âge. Une autre étude de 2010 (Jama Psychiatry) a montré que la psilocybine présentait de l’intérêt pour les patients en phase terminale de cancer, en diminuant l’anxiété et réduisant significativement la dépression. Enfin, une étude de 2012 publiée dans le British Journal of Psychiatry, a montré que la psilocybine jouait un rôle important dans le rappel de souvenirs, ce qui pouvait avoir un effet intéressant dans les traitements de souvenirs traumatisants ou de pensées intrusives. Moralité : « mangez-moi, mangez-moi, mangez-moi ! »

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