Nécessaires corrélats neurologiques
Cette vision matérialiste transhumaniste (qui annonce la fusion de l’homme et de la machine et même le dépassement du premier par la seconde) est un point d’achoppement irréconciliable avec ceux qui au contraire prédisent l’avènement d’un paradigme de la conscience en tant que réalité première. La science, la raison tranchera, mais sera pour cela obligée de reconnaître qu’elle est dépassée, que la partie ne peut pas comprendre/saisir le tout. La conscience est bien plus vaste que la raison, que la seule conscience analytique et réflexive, et elle est le socle de toute notre expérience de la réalité, dans le monde physique matériel mais pas seulement : à travers tous nos états de conscience. Le rattrapage aux branches des scientifiques matérialistes est illustré encore davantage par le livre d’un autre neurologue, le Belge Steven Laureys, qui a publié de son côté Un si brillant cerveau : Les états limites de conscience. Il s’agit là de tenter de rendre compte, toujours dans le cadre matérialiste, d’expériences de différentes natures : la conscience de veille, le sommeil, l’expérience de mort imminente, le locked-in syndrome, etc. Grand spécialiste des états comateux, directeur du Coma Science Group de Liège, Steven Laureys est lui aussi péremptoire : tous ces états ont des corrélats neurologiques, c’est-à-dire qu’ils correspondent à une activité spécifique du cerveau, avec la proposition implicite qui transforme corrélation en causalité : ces états – de conscience – sont provoqués par ces activités – de neurones.
Dans le seul cas de l’expérience de mort imminente, cette proposition ignore de nombreuses données issues de milliers de témoignages : les perceptions impossibles dans l’environnement physique, les rencontres avec des proches décédés dont l’existence était inconnue, le sentiment de réalité plus fort qu’à l’état de veille, celui de retrouver une réalité familière, les capacités acquises, le sens profond de l’expérience, les transformations induites, la valeur spirituelle… Elle ignore aussi les cas les plus extrêmes dans lesquelles l’activité du cerveau était nulle ou quasi nulle, et cependant assortie d’une conscience aux capacités décuplées, et non « altérées ». L’ignorance volontaire de ces aspects – ou même la promesse d’en rendre compte par le seul fonctionnement cérébral – est une arrogance et une violence faite aux témoins convaincus du sens spirituel de leur vécu. Ces arrogances marquent la nervosité de ceux qui continuent à défendre un paradigme scientifique exclusivement matérialiste parce qu’ils préfèrent perdre leur âme plutôt que la face.