La télépathie est-elle une réalité scientifique ?

En dépit de nombreuses données d’observations accumulées au fil des années, la télépathie n’est pas officiellement reconnue comme une réalité par la science. On note cependant une plus grande ouverture d’esprit à ce sujet, et même des tentatives récentes d’établir sa réalité expérimentale.


La télépathie est-elle une réalité scientifique?
La télépathie, au sens de « transmission directe de pensée », est une réalité pour bon nombre d’entre nous. On peut par exemple penser la même chose au même moment que son ou sa partenaire, siffloter l’air que l’autre avait dans la tête, ou bien ressentir à distance le danger qui menace un proche. Dans ce denier cas, il s’agit en fait de transmission d’émotions ou de sensations, ce qui est plus proche de l’étymologie de télépathie (de pathos, souffrance). La science ne reconnaît pas officiellement ce phénomène en dépit des nombreuses données accumulées depuis des dizaines d’années. La raison en est qu’il n’existe aucun mécanisme, à moins de faire appel aux « étrangetés » de la mécanique quantique, pour l’expliquer. 
 

Télépathie entre jumeaux
Il a été observé de longue date que la relation qui unit deux êtres proches se teinte souvent de télépathie, en particulier dans le cas d’une mère et son enfant, et plus encore dans les cas de vrais jumeaux. Lorsqu’on demande aux jumeaux s’ils font régulièrement l’expérience d’une connexion de type télépathique avec leur… semblable, une paire sur trois répond oui. Ce taux supérieur à 30 % est avancé par l’auteur britannique Guy Lyon Playfair qui a consacré une enquête poussée au sujet, publiée en 2002 dans son livre Twin telepathy (télépathie entre jumeaux) Guy Playfair avait été interpellé lorsqu’un homme lui avait raconté une histoire vécue dans l’enfance. Alors qu’il se trouvait avec son père dans leur maison, ce dernier avait été soudainement rejeté en arrière, tombant sur une chaise et restant hébété, en état de choc. L’enfant était terrifié car il pensait que son père faisait une crise cardiaque. En réalité, le frère jumeau du père venait d’être tué par arme à feu à plusieurs kilomètres de là. Playfair a commencé à collecter de nombreuses histoires de ce genre. Ainsi une maman de jeunes jumeaux lui a décrit comment l’un de ses garçons s’était soudainement mis à hurler à la maison alors que le second recevait une injection à l’hôpital. Une autre lui racontait que l’une de ses filles de six ans la prévenait lorsque sa sœur avait, ou allait avoir, une crise d’épilepsie. En 1961, une équipe de psychologues canadiens a lancé un programme de recherche avec quatorze paires de jumeaux et sept jumeaux seuls. A la question : Avez-vous déjà vécu un épisode de type « télépathie » ?, douze personnes ont répondu par l’affirmative, établissant ce pourcentage d’un tiers comme une référence, bien que des études ultérieures aient montré que le taux pouvait atteindre 40 %. 
 

Fragmentation et déstructuration du message
Dès la fin des années 1920 aux Etats-Unis, le Pr Joseph Bank Rhine a mené des expériences aux côtés de son épouse Louisa à l’Université Duke en Caroline du Nord, en utilisant notamment les fameuses cartes de Zener dotées de symboles : étoile, cercle, croix, carré, lignes ondulées. Dans une expérience type, un sujet devait tirer une carte au hasard et se concentrer sur le symbole pendant qu’une autre personne à distance notait l’image qui lui venait à l’esprit. Près d’un million d’essais ont été effectués pendant plus de treize ans. Sur trente-trois études indépendantes, vingt-sept ont montré des résultats statistiquement significatifs. Les expériences de Rhine furent reproduites dans plusieurs laboratoires et plus de 60 % des réplications furent positives. De leur côté, des chercheurs français se sont intéressés aux aspects qualitatifs du « transfert télépathique ». Au sein de l’Institut Métapsychique International à Paris, René Warcollier a ainsi identifié plusieurs caractéristiques, dont un effet de fragmentation et de déstructuration : les composants sont perçus isolément et sont reliés entre eux a posteriori ; il a également distingué les éléments qui se transmettent bien (idée de mouvement, affects, contrastes) et ceux qui passent avec difficulté (concepts, chiffres, symboles, etc.). De nombreux chercheurs estiment que la télépathie est une capacité naturelle de l’être humain qui a été perdue au fil de l’évolution. Ainsi, les chamanes des traditions primordiales étaient télépathes au sens où ils accédaient à une information dont on dirait aujourd’hui qu’elle se trouve dans l’inconscient des individus. De ce point de vue, il est difficile de distinguer entre plusieurs mécanismes possibles : voyance, télépathie ou lecture de l’inconscient. En outre, ce dernier reste un vaste continent inconnu pour les neurosciences. 
 

La sensation d’être observé
Une autre méthode d’investigation a été mise au point par Charles Tart dans les années 1960 au Massachussetts Institute of Technology. Deux volontaires étaient placés dans des pièces différentes et Tart mesurait leurs ondes cérébrales, la pression sanguine et la conductivité de la peau. En réponse à un stimulus appliqué au premier sujet, une variation significative était observée chez le second sujet pour deux paramètres sur trois. A partir des années 1980, de nombreuses expériences ont porté sur la transmission « d’esprit à esprit » à l’aide du protocole Ganzfeld, qui permet d’induire un état d’hypnose ou de transe légère chez le receveur. Quarante études comprenant 2549 sessions réalisées par dix équipes de recherche différentes ont pu être comparées. Dans ces expériences on montre à chaque « émetteur » une image tirée au sort parmi quatre, et chaque « receveur » doit noter l’image qui lui parvient. Un jury note ensuite la proximité des descriptions faites par le receveur avec l’une des quatre images. Les résultats globaux ont montré un taux de réussite de plus de 33 %, là où le seul hasard prédit 25 %.
Le chercheur allemand Stefan Schmidt, de l’Université de Fribourg, a réalisé en 2002 une analyse combinée de trente-six études d’interaction à distance dans lesquelles un individu « émet » une intention à destination d’un receveur, dont on mesure certains paramètres physiologiques. L’effet global s’est révélé statistiquement significatif, c’est-à-dire supérieur au seul effet du hasard avec un intervalle de confiance qui ne recoupe pas la ligne du hasard. Une autre série d’études a porté sur la « sensation d’être observé ». Là encore les résultats ont été significatifs : l’activité électrodermale qui traduit une réaction émotionnelle varie davantage lorsque le sujet est effectivement observé, confirmant ainsi cette croyance populaire. Ainsi les données s’accumulent mais aucun mécanisme identifié ne permet d’en rendre compte. Par ailleurs, tant que la télépathie ne fonctionne pas avec 100 % d’efficacité, on comprend qu’elle ne peut pas remplacer nos outils modernes de communication. 
 

Télépathie avec les animaux
Ce sera peut-être le cas dans le futur car des recherches prolongeant celles de Tart ont montré qu’il semble bien exister un lien entre les cerveaux de tous les individus. Il s’agit d’expériences de « corrélations dyadiques » entre les électroencéphalogrammes (EEG) de deux personnes isolées qui montrent que les tracés de l’activité cérébrale de deux sujets réagissent précisément à un stimulus qui n’est appliqué qu’à un seul. Dans certaines expériences, un lien affectif préalable existait entre les deux sujets, alors que dans d’autres, le seul lien était l’intention de l’expérimentateur ! Il ne s’agit pas de télépathie au sens propre, parce qu’il n’y a pas de transfert d’information, mais bien de corrélation. Ce genre d’observation apporte de l’eau au moulin de ceux qui considèrent que notre réalité macroscopique est bel et bien « quantique », au sens où tout est relié et que toute séparation n’est qu’illusoire.
De son côté, le chercheur anglais Rupert Sheldrake a montré qu’un lien télépathique existait également entre un animal familier et son maître. Dans sa fameuse série d’expériences sur « ces chiens qui anticipent le retour de leurs maîtres », il a démontré sans ambiguïté que les chiens se postaient devant la porte de la maison, effectuaient des allers-retours et s’agitaient dès l’instant où le maître absent avait « pris la décision » de rentrer. Malgré leur étrangeté, ces données semblent faire leur chemin dans l’esprit d’un nombre croissant de scientifiques. En 2004, un « Telepathy Debate » a ainsi été organisé à Londres par la prestigieuse Royal Society of Arts, qui a opposé Rupert Sheldrake à Lewis Wolpert, un scientifique plutôt conservateur. Rupert Sheldrake avait notamment parlé des prouesses d’un perroquet télépathe : N’kisi. Cet animal incroyable possédait un vocabulaire d’environ sept-cents mots et prononçait des mots ou des phrases qui étaient directement en lien avec les pensées de sa propriétaire. Les arguments présentés par Sheldrake ont convaincu l’assemblée et le compte-rendu qu’en a fait la célèbre revue Nature, traditionnellement hostile au « paranormal », a été globalement positif.
Parmi les phénomènes qualifiés de paranormaux, la télépathie semble être le plus acceptable pour la communauté scientifique, mais tant qu’une théorie de permettra pas d’en rendre compte de façon satisfaisante, on ne peut s’attendre à une reconnaissance officielle. Il faudra pour cela réécrire une bonne partie de la physique, ce que bon nombre de théoriciens s’attellent à faire de nos jours. 
 

Encadré
Simple comme bonjour
Plusieurs grands médias ont annoncé l’an dernier la réussite d’une expérience de télépathie au cours de laquelle un « message mental » aurait voyagé de l’Inde vers la France. L’un des sujets se trouvait en Inde équipé d’électrodes sur le crâne qui permettaient de transmettre par internet son activité cérébrale. Il devait penser à des messages simples comme « bonjour », puis un ordinateur convertissait ces impulsions en code binaire avant de les transférer à un autre ordinateur relié au cerveau d’un deuxième sujet se trouvant en France. Celui-ci recevait alors l’information sous forme de flashs lumineux qu’il était capable d’interpréter grâce à un code préétabli. Cette expérience, dont le compte-rendu a été publié dans une revue scientifique en ligne, PLOS-One (Public Library of Science) repose sur l’utilisation d’interfaces cerveau-ordinateur (ou cerveau-machine) sur lesquelles de grands espoirs sont fondés notamment pour venir en aide à certains handicapés. Si la presse a parlé de « télépathie », c’est que la transmission d’information n’a pas reposé sur l’utilisation des cinq sens des deux sujets. En revanche, l’information a bel et bien voyagé par internet et non à travers un hypothétique « champ de conscience » qui relierait entre eux les sujets.

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